Rue des Carmes à Laval
"Il a pété les plombs, le poète-poète,
Assécher le bief
Jacques DUPLESSY, Ouest-France
je vous l'avais pas dit qu'y avait un risque que ça arrive à force ?"
Au risque de vous déplaire, cher ami, mon mien de Judas [cf. ép. précédent], je ne suis pas plus fou qu'avant. Déception ! Ah ! c'est sûr ! ça serait pratique de trouver l'origine de ce surcroît de lucidité mi-sénile jaillissante dans un "dérèglement de tous les sens" post-adolescent, surgi sur le tard comme un dernier bouton d'acné providentiel ! Franchement ni le Bon Dieu ni mon maigre talent n'ont jugé bon de me l'offrir.
Pourtant, c'est permis de rêver :
Il est zinzin, pas tout à fait normal, pas complément comme tout le monde, comme nouzots-vouzémoi, qu'on dirait en ville. C'est bien connu, ça trompe plus personne ! mais c'est un "fou génial" !!!"
Désolé de vous décevoir, Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs : ni fou ni génial. Même pas un mauvais ersatz de Jarry ou de Gerbault.
Alors, me demanderont les Lavallois de souche, pourquoi nous parler d'une rue des Carmes qui n'a existé que dans votre imagination ?
Tout est dans la métaphore, la métonymie, la transposition. Ecoutez : vous allez comprendre :
Il était une fois, à Orléans, un député UMP nommé Carré. Dans le civil, un Bouygues local, si j'ai bien compris.
Mais qu'est-ce que tu veux que ça nous foute !?
Suffit, maintenant, vos impatiences ! Vous êtes pénibles ! Y'a pas que Laval dans la vie, non ? I' vont finir par croire que vous êtes chauvins, les étrangers ! Tenez-vous un peu, quand même ! Vous me faites honte devant les gens !
En plus, mon histoire, elle peut vous intéresser ! Vous allez voir :
Le nommé Carré, disais-je avant qu'on me coupe, a eu, avec quelques autres parlementaires, l'idée simple et subtile, de déposer un amendement ainsi conçu. Il s'agissait, ni plus ni moins, d'accorder l'autorisation aux élus locaux de faire passer une pelleteuse rénovatrice parmi de vieux sites et monuments anciens qui servent à rien qu'à faire joli. Et cela sans l'autorisation préalable des ABF :
L'Architecte des Bâtiments de France (A.B.F.) est le chef du Service Départemental de l'Architecture et du Patrimoine (S.D.A.P.) Fonctionnaire d'Etat, il a une mission patrimoniale : entretien des Monuments Historiques ; il donne un avis sur les dossiers de restauration du petit patrimoine communal, sur tous les projets situés dans le périmètre de protection des monuments historiques et dans les sites ; il est chargé de la préservation et valorisation des paysages et milieux naturels avec leurs dimensions architecturales et patrimoniales, de la qualité de l'habitat, dans sa diversité, d'une architecture contemporaine s'insérant dans les paysages, de la réhabilitation du bâti existant, de la maîtrise de l'urbanisation, du conseil et assistance pour la réalisation des documents d'urbanisme, de la sensibilisation et pédagogie en direction des élus et du public, du maintien des savoir-faire, des techniques et matériaux traditionnels.
Pour résumer, c'est un fonctionnaire du genre que Sarkozy n'aime pas, une plaie pour les promoteurs immobiliers, un empêcheur de blingblinguer en rond.
Eh bien, figurez-vous que le Conseil Constitutionnel n'a pas apprécié l'initiative de nos bons parlementaires ! Ils se sont fait recaler avec leur amendement. Du coup, la rue des Carmes d'Orléans, dont Carré est premier adjoint, est probablement sauvée. Et beaucoup de rues des Carmes de France. Les pelleteuses sarkoziennes ¡No pasarán!
Commencez-vous à comprendre ? Imaginons, nous les Lavallois, un député Carré avec son amendement - Monsieur Olivier Carré vient d'être récemment promu secrétaire national fonction publique et réformes des pouvoirs publics par son "senti Maître" sans doute pour le consoler d'avoir foiré son projet - dans les années soixante-dix, quand on disait que le Vieux-Laval était insalubre ? Et le Vieux-Mans ? Et toutes nos belles villes qui ne datent pas d'hier que c'est pour ça qu'on les aime ? Eh bien ! Vous voyez le tableau ? Des beaux quartiers tout neufs partout, sans âme, sans poésie, sans passé. Un Montmartre sans la rue Lepic et sans le Sacré-Coeur !!
C'est là que je voulais en venir ? Oui, mais pas seulement ! Les patrimoines, c'est pas seulement des rues, des cathédrales et des façades. C'est parfois des choses dont on aurait peut-être aimé se débarrasser. Pas par méchanceté ! Juste qu'il faut être un spécialiste du genre ABF pour en savoir la valeur.
Par exemple, le patrimoine lavallois, c'est aussi les Bâteaux-lavoirs, des cicatrices d'un passé pas si ancien, qui ont fait souffrir des générations de femmes. Est-ce que ça serait rentré dans le cadre de l'amendement, ces rossignols, dans la catégorie vieilleries inutiles et coûteuses ? Je vous laisse réfléchir, grâce à Jacques Duplessys, sur la ténacité déployée par les experts auprès de tous les maires, de droite comme de gauche, pour maintenir ces vestiges à flot.
A bientôt,
Bernard Bonnejean
Ouest-France Laval de vendrediAu risque de vous déplaire, cher ami, mon mien de Judas [cf. ép. précédent], je ne suis pas plus fou qu'avant. Déception ! Ah ! c'est sûr ! ça serait pratique de trouver l'origine de ce surcroît de lucidité mi-sénile jaillissante dans un "dérèglement de tous les sens" post-adolescent, surgi sur le tard comme un dernier bouton d'acné providentiel ! Franchement ni le Bon Dieu ni mon maigre talent n'ont jugé bon de me l'offrir.
Pourtant, c'est permis de rêver :
Il est zinzin, pas tout à fait normal, pas complément comme tout le monde, comme nouzots-vouzémoi, qu'on dirait en ville. C'est bien connu, ça trompe plus personne ! mais c'est un "fou génial" !!!"
Désolé de vous décevoir, Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs : ni fou ni génial. Même pas un mauvais ersatz de Jarry ou de Gerbault.
Alors, me demanderont les Lavallois de souche, pourquoi nous parler d'une rue des Carmes qui n'a existé que dans votre imagination ?
Tout est dans la métaphore, la métonymie, la transposition. Ecoutez : vous allez comprendre :
Il était une fois, à Orléans, un député UMP nommé Carré. Dans le civil, un Bouygues local, si j'ai bien compris.
Mais qu'est-ce que tu veux que ça nous foute !?
Suffit, maintenant, vos impatiences ! Vous êtes pénibles ! Y'a pas que Laval dans la vie, non ? I' vont finir par croire que vous êtes chauvins, les étrangers ! Tenez-vous un peu, quand même ! Vous me faites honte devant les gens !
En plus, mon histoire, elle peut vous intéresser ! Vous allez voir :
Le nommé Carré, disais-je avant qu'on me coupe, a eu, avec quelques autres parlementaires, l'idée simple et subtile, de déposer un amendement ainsi conçu. Il s'agissait, ni plus ni moins, d'accorder l'autorisation aux élus locaux de faire passer une pelleteuse rénovatrice parmi de vieux sites et monuments anciens qui servent à rien qu'à faire joli. Et cela sans l'autorisation préalable des ABF :
L'Architecte des Bâtiments de France (A.B.F.) est le chef du Service Départemental de l'Architecture et du Patrimoine (S.D.A.P.) Fonctionnaire d'Etat, il a une mission patrimoniale : entretien des Monuments Historiques ; il donne un avis sur les dossiers de restauration du petit patrimoine communal, sur tous les projets situés dans le périmètre de protection des monuments historiques et dans les sites ; il est chargé de la préservation et valorisation des paysages et milieux naturels avec leurs dimensions architecturales et patrimoniales, de la qualité de l'habitat, dans sa diversité, d'une architecture contemporaine s'insérant dans les paysages, de la réhabilitation du bâti existant, de la maîtrise de l'urbanisation, du conseil et assistance pour la réalisation des documents d'urbanisme, de la sensibilisation et pédagogie en direction des élus et du public, du maintien des savoir-faire, des techniques et matériaux traditionnels.
Pour résumer, c'est un fonctionnaire du genre que Sarkozy n'aime pas, une plaie pour les promoteurs immobiliers, un empêcheur de blingblinguer en rond.
Eh bien, figurez-vous que le Conseil Constitutionnel n'a pas apprécié l'initiative de nos bons parlementaires ! Ils se sont fait recaler avec leur amendement. Du coup, la rue des Carmes d'Orléans, dont Carré est premier adjoint, est probablement sauvée. Et beaucoup de rues des Carmes de France. Les pelleteuses sarkoziennes ¡No pasarán!
Commencez-vous à comprendre ? Imaginons, nous les Lavallois, un député Carré avec son amendement - Monsieur Olivier Carré vient d'être récemment promu secrétaire national fonction publique et réformes des pouvoirs publics par son "senti Maître" sans doute pour le consoler d'avoir foiré son projet - dans les années soixante-dix, quand on disait que le Vieux-Laval était insalubre ? Et le Vieux-Mans ? Et toutes nos belles villes qui ne datent pas d'hier que c'est pour ça qu'on les aime ? Eh bien ! Vous voyez le tableau ? Des beaux quartiers tout neufs partout, sans âme, sans poésie, sans passé. Un Montmartre sans la rue Lepic et sans le Sacré-Coeur !!
C'est là que je voulais en venir ? Oui, mais pas seulement ! Les patrimoines, c'est pas seulement des rues, des cathédrales et des façades. C'est parfois des choses dont on aurait peut-être aimé se débarrasser. Pas par méchanceté ! Juste qu'il faut être un spécialiste du genre ABF pour en savoir la valeur.
Par exemple, le patrimoine lavallois, c'est aussi les Bâteaux-lavoirs, des cicatrices d'un passé pas si ancien, qui ont fait souffrir des générations de femmes. Est-ce que ça serait rentré dans le cadre de l'amendement, ces rossignols, dans la catégorie vieilleries inutiles et coûteuses ? Je vous laisse réfléchir, grâce à Jacques Duplessys, sur la ténacité déployée par les experts auprès de tous les maires, de droite comme de gauche, pour maintenir ces vestiges à flot.
A bientôt,
Bernard Bonnejean
Une idée de ce qu'est un urbanisme intelligent
« Il faut sauver les bateaux-lavoirs »
Le bateau-lavoir « Saint-Yves » a été construit en 1928. Il est resté en service jusqu'en 1971.
Les deux bateaux-lavoirs sont en très mauvais état. Le Saint-Julien a coulé ce week-end. Une course contre la montre est lancée pour le sauver des eaux.
Les deux bateaux-lavoirs amarrés à Laval, le Saint-Julien et le Saint-Yves sont en danger. « Ce sont des pièces exceptionnelles, témoigne Xavier Villebrun, directeur du patrimoine de la ville. Ces bateaux sont les deux derniers d'Europe. » Ils ont été inscrits aux monuments historiques en 1994.
Mais ces antiquités sont malades depuis longtemps. Déjà, les coques ont été changées en 1994 et en 1998. Mais d'autres travaux nécessaires sur la structure n'ont jamais été entrepris. « Nous voulons désormais arrêter le bricolage et trouver une solution pérenne, déclare Emmanuel Doreau, adjoint au maire chargé de la culture et du patrimoine. Nous souhaitons aussi davantage valoriser ces bateaux dans le patrimoine de la ville. »
Il y a urgence à rénover ces bateaux. Le Saint-Yves, construit en 1928, a coulé la semaine dernière. Il repose sur un support en béton (un « grill technique ») construit pour faciliter la réparation de ces bateaux. Le Saint-Julien, construit en 1904, a coulé le week-end dernier. « C'est une course contre la montre pour sortir le Saint-Julien de la Mayenne, explique Xavier Villebrun. Plus il reste dans l'eau, plus il s'abîme. »
Mais ces antiquités sont malades depuis longtemps. Déjà, les coques ont été changées en 1994 et en 1998. Mais d'autres travaux nécessaires sur la structure n'ont jamais été entrepris. « Nous voulons désormais arrêter le bricolage et trouver une solution pérenne, déclare Emmanuel Doreau, adjoint au maire chargé de la culture et du patrimoine. Nous souhaitons aussi davantage valoriser ces bateaux dans le patrimoine de la ville. »
Il y a urgence à rénover ces bateaux. Le Saint-Yves, construit en 1928, a coulé la semaine dernière. Il repose sur un support en béton (un « grill technique ») construit pour faciliter la réparation de ces bateaux. Le Saint-Julien, construit en 1904, a coulé le week-end dernier. « C'est une course contre la montre pour sortir le Saint-Julien de la Mayenne, explique Xavier Villebrun. Plus il reste dans l'eau, plus il s'abîme. »
Assécher le bief
Plusieurs solutions techniques pour le renflouer sont envisagées. La période des hautes eaux de la Mayenne complique l'opération. « Le plus simple et le moins coûteux serait d'assécher le bief, constate Emmanuel Doreau. Mais il n'est pas certain que ce soit faisable en ce moment. » Une autre solution serait de démonter le Saint-Julien en deux morceaux et de le sortir avec des grues. La troisième solution est d'assécher un espace autour des bateaux en les isolant avec des caissons étanches. Cette dernière solution est la plus chère.
Les experts et les techniciens planchent sur les différentes solutions. Une réunion technique a lieu ce matin et la décision finale devrait être prise ce week-end. « Nous devrions procéder à l'opération la semaine prochaine, précise Emmanuel Doreau. Tous les services concernés de la ville et de l'État sont mobilisés et travaillent en bonne intelligence. Notre objectif est de sauver ces deux bateaux-lavoirs. »
Le coût de ce sauvetage est encore inconnu. « C'est sûr que ça peut monter très vite, reconnaît Xavier Villebrun. Une grue, des caissons étanches, ça coûte cher... » Mais le coût ne sera pas supporté entièrement par la ville. « Les monuments historiques vont nous rembourser d'une grande partie des frais engagés », explique Emmanuel Doreau.
Reste l'épineuse question de l'avenir de ces bateaux. « Comment mieux les valoriser, s'interroge Emmanuel Doreau. Nous étudions la possibilité de les transférer vers la halte fluviale, près du square de Boston. Cela pourrait entrer dans le projet global d'aménagement du parc. »
Les experts et les techniciens planchent sur les différentes solutions. Une réunion technique a lieu ce matin et la décision finale devrait être prise ce week-end. « Nous devrions procéder à l'opération la semaine prochaine, précise Emmanuel Doreau. Tous les services concernés de la ville et de l'État sont mobilisés et travaillent en bonne intelligence. Notre objectif est de sauver ces deux bateaux-lavoirs. »
Le coût de ce sauvetage est encore inconnu. « C'est sûr que ça peut monter très vite, reconnaît Xavier Villebrun. Une grue, des caissons étanches, ça coûte cher... » Mais le coût ne sera pas supporté entièrement par la ville. « Les monuments historiques vont nous rembourser d'une grande partie des frais engagés », explique Emmanuel Doreau.
Reste l'épineuse question de l'avenir de ces bateaux. « Comment mieux les valoriser, s'interroge Emmanuel Doreau. Nous étudions la possibilité de les transférer vers la halte fluviale, près du square de Boston. Cela pourrait entrer dans le projet global d'aménagement du parc. »