"Toutes les femmes sont des Jeanne d'Arc"
Voici, comme promis, quelques passages parmi les plus représentatifs, à mon sens, de la personnalité de la Pucelle, d'après le texte "officiel", traduit par Dom Leclecq en 1906.
CAUCHON : Dites votre Pater noster .
JEANNE : Entendez-moi en confession, je vous le dirai volontiers.
CAUCHON : Derechef, je vous requiers de dire votre Pater noster.
JEANNE : Je ne vous dirai point Pater noster, à moins que vous ne m’écoutiez en confession.
CAUCHON : Une troisième fois, je vous requiers de dire Pater noster.
JEANNE : Je ne vous dirai Pater noster qu’en confession .
CAUCHON : Volontiers, nous vous donnerons un ou deux notables hommes de la langue de France, devant lesquels vous direz Notre Père.
JEANNE : Je ne leur dirai que s’ils m’entendent en confession.
L’INTERROGATEUR : Savez-vous être en la grâce de Dieu ?
JEANNE : Si je n’y suis, Dieu m’y mette; et, si j’y suis, Dieu m’y tienne !L’INTERROGATEUR : Qu’aimiez-vous mieux, votre bannière ou votre épée ?
JEANNE : J’aimais quarante fois mieux ma bannière que mon épée.
L’INTERROGATEUR : Qui vous fit faire cette peinture sur la bannière ?
JEANNE : Je vous ai assez dit que je n’ai rien fait que du commandement de Dieu.
L’INTERROGATEUR : Qui portait votre bannière ?
JEANNE: C’est moi-même qui portais ladite bannière quand je chargeais les ennemis, pour éviter de tuer personne. Je n’ai jamais tué un homme.
JEANNE : Je vous en ai répondu, je ne me rappelle pas si cela me fut demandé. C’est écrit à Poitiers.
L’INTERROGATEUR : Ne vous souvenez-vous pas si les maîtres qui vous ont examinée en une autre obédience, quelques-uns pendant un mois, d’autres pendant trois semaines, vous ont interrogée sur ce changement d’habit ?
JEANNE: Je ne m’en souviens pas. Au fait, ils m’ont demandé où j’avais pris cet habit d’homme, et je leur ai dit que je l’avais pris à Vaucouleurs.
L’INTERROGATEUR : Les maîtres susdits vous demandèrent-ils si c’était par ordre de vos voix que vous aviez pris cet habit ?
JEANNE : Je ne m’en souviens pas.
L’INTERROGATEUR : Votre roi, votre reine et d’autres de votre parti vous ont-ils quelquefois requise de déposer l’habit d’homme ?
JEANNE : Cela n’est pas de votre procès.
Maintenant, laissons au passé les cris de "Jeanne est à nous" poussés aussi bien par le parti catholique que par les républicains. Jeanne n'est à personne, sauf, pour ceux qui y croient, à Dieu.
Bernard Bonnejean