Trois jours en terre nagy-bocsonne, chapitre 2

Publié le par Bernard Bonnejean


ou les tribulations d'un Français en France

Un détail d'une importance considérable. Tout en protégeant de mes mains le visage de Marie-Françoise inondé de soleil, je regarde opérer le pompier, sans vraiment le voir, en continuant un discours qui ne doit pas avoir beaucoup de sens. Puis je me lève d'un bond.


Une certitude, absolue : il n'y avait pas un tracteur, mais deux. J'en suis sûr. Le jeune homme que je viens de sermonner l'accusant d'avoir pris son engin pour une voiture de course n'est donc pas le seul coupable. D'ailleurs est-il coupable ? Je laisse tout le monde. Je passe la rambarde, je quitte la direction Rennes-Saint-Brieuc pour la direction Saint-Brieuc-Rennes. Je hèle le chef de gendarmerie qui me demande mon nom, part donner des ordres, mon adresse, repart donner des ordres, mon numéro de téléphone fixe, me laisse en plan, puis, après une réflexion malencontreuse et bête de ma part :

"Mon témoignage n'a pas l'air de vous intéresser plus que ça !"

auquel il a répondu, fort justement

"Vous permettez que je règle d'abord cette pagaille, avant de m'occuper de vous ?"

mon numéro de téléphone portable.

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Marc Le Fur, député, a scellé la pose de la première pierre de ma future gendarmerie de Plénée-Jugon, apportée par Jean-Jacques Bizien, président de Côtes-d'Armor Habitat (à gauche).


Pauvre gendarme ! On devine les kilomètres de bouchon, de part et d'autre, qu'il mettra des heures à gérer. Et il se fait houspiller par un civil impatient qui vient ajouter de la mauvaise humeur à un imbroglio tragique. Finalement, il me promet de me rappeler ou de me faire convoquer au commissariat de Laval. Je retourne à mes blessées.

Il y a du nouveau. La dame qui commande le groupe est maintenant cerclée de colliers de toutes sortes, pour la maintenir immobile. Je regarde son visage ensanglanté. Je lui demande si elle va bien. C'est le pompier qui me répond : "C'est une religieuse. Elle est très courageuse". Je me penche vers elle. Elle me prend les mains, le visage inondé de joie, et me dit : "Ah ! C'est vous !"

Le dialogue qui suit en agacera plus d'un. Il leur est permis d'arrêter là leur lecture.

"Ma Soeur, je suis très fier d'être catholique [Certains diront que j'aurais pu trouver mieux, mais, d'une part, c'est tout ce qui m'est venu sur le moment, et d'autre part, je le pensais vraiment quand je l'ai dit].

-- Je n'y suis pour rien. Pensez plutôt à la pauvre petite derrière. Nous l'emmenions pour une  promenade...

-- Je vous le promets, ma Soeur, nous allons au Pardon de Perros-Guirec, pour le 15 août, comme tous les ans. Nous penserons à vous pendant tout le pèlerinage.

-- Pensez surtout à Marie-Françoise, je vous en supplie !"





Je l'ai quittée à regret. Je suis allé saluer les deux autres victimes. Le jeune homme était déjà parti avec une première ambulance. J'ai serré la main du médecin, des pompiers et du propriétaire du cutter. Et nous sommes partis pour le pardon de Notre-Dame de la Clarté, de Perros-Guirec, avec des intentions très précises.

Nous sommes arrivés au Tertre de Ploumanach-La-Clarté juste à temps pour assister à la conférence de Mgr Gilson, ancien évêque du Mans, puis d'Auxerre, et des Missions de France. Fort intéressante, sa conférence ! Un rappel qui devrait en remuer plus d'un. L'Eglise compte deux sortes de prêtres : les professionnels et tous les baptisés ! Tout homme, toute femme qui a reçu le baptême est prêtre et doit exercer son sacerdoce dans la société et dans sa famille. Son premier devoir est de transmettre ce qu'on lui a donné, à commencer par sa foi. J'abrège mais j'y reviendrai peut-être.





Au moment de revenir à l'hôtel de Landevelec, je m'aperçois que je n'ai plus mes lunettes "de vue".

Cette constatation ouvrait un autre épisode : en quête de lunettes.

A suivre...

Bernard Bonnejean

Publié dans vie en société

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