Jour de fête ou jour de deuil ?
Je sais qu'en agissant ainsi, je vais me priver de la présence de beaucoup d'entre vous et que j'aurai à en souffrir.
Aujourd'hui, Dame Catherine ne paraîtra pas. Ce n'est ni pour m'humilier ni pour m'ennuyer, juste parce que la religion ne la concerne pas. Dit-elle. Je respecte son silence, même si je ne le comprends pas, car nous avons tant de vérités communes, malgré des perspectives d'approche différentes. Mais je puis faire cet effort-là quand j'apprends que partout dans le monde les persécutions contre l'Eglise recommencent de plus belle, comme dans les premiers temps :
Tous ceux qui me voient me bafouent,
ils ricanent et hochent la tête :
« Il comptait sur le Seigneur : qu'il le délivre !
Qu'il le sauve, puisqu'il est son ami ! »
Oui, des chiens me cernent,
une bande de vauriens m'entoure ;
ils me percent les mains et les pieds,
je peux compter tous mes os.
Ils partagent entre eux mes habits
et tirent au sort mon vêtement.
Mais toi, Seigneur, ne sois pas loin :
ô ma force, viens vite à mon aide !
Mais tu m'as répondu !
Et je proclame ton nom devant mes frères,
je te loue en pleine assemblée.
Vous qui le craignez, louez le Seigneur !
Dieu mon Seigneur m'a donné le langage d'un homme qui se laisse instruire, pour que je sache à mon tour réconforter celui qui n'en peut plus. La Parole me réveille chaque matin, chaque matin elle me réveille pour que j'écoute comme celui qui se laisse instruire. Le Seigneur Dieu m'a ouvert l'oreille, et moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé. J'ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui m'arrachaient la barbe. Je n'ai pas protégé mon visage des outrages et des crachats. Le Seigneur Dieu vient à mon secours ; c'est pourquoi je ne suis pas atteint par les outrages, c'est pourquoi j'ai rendu mon visage dur comme pierre : je sais que je ne serai pas confondu.
Et si je ne trouve pas les mots, je veux être le petite âne qui a fait un bout de chemin de la gloire à la croix :
Quelques jours avant la fête de la Pâque, Jésus et ses disciples approchent de Jérusalem, de Bethphagé et de Béthanie, près du mont des Oliviers. Jésus envoie deux de ses disciples : « Allez au village qui est en face de vous. Dès l'entrée, vous y trouverez un petit âne attaché, que personne n'a encore monté. Détachez-le et amenez-le. Si l'on vous demande : Que faites-vous là ? répondez : « Le Seigneur en a besoin : il vous le renverra aussitôt. »
Ils partent, trouvent un petit âne attaché près d'une porte, dehors, dans la rue, et ils le détachent. Des gens qui se trouvaient là leur demandaient : « Qu'avez-vous à détacher cet ânon ? » Ils répondirent ce que Jésus leur avait dit, et on les laissa faire. Ils amènent le petit âne à Jésus, le couvrent de leurs manteaux, et Jésus s'assoit dessus.
J'avoue ne pas avoir un grand mérite. Il ne mange rien, Jésus, il est léger comme une plume. Mais ce petit geste-là va peut-être me permettre d'aller au paradis avec les ânes, comme le demande Francis Jammes :
Lorsqu ' il faudra aller vers Vous, ô mon Dieu, faites |
Mon Dieu faites qu'avec ces ânes je Vous vienne. |
Bernard Bonnejean