Le miracle littéraire !!
Ô rire si là-bas une pourpre s'apprête
A ne tendre royal que mon absent tombeau.
Quoi ! de tout cet éclat pas même le lambeau
S'attarde, il est minuit, à l'ombre qui nous fête
Excepté qu'un trésor présomptueux de tête
Verse son caressé nonchaloir sans flambeau,
La tienne si toujours le délice ! la tienne
Oui seule qui du ciel évanoui retienne
Un peu de puéril triomphe en t'en coiffant
Avec clarté quand sur les coussins tu la poses
Comme un casque guerrier d'impératrice enfant
Dont pour te figurer il tomberait des roses.
Donc, cette après-midi, j'ai reçu ce mot d'un certain Jean-Luc Hiron (il m'a permis de dévoiler son identité et de toute façon il vaut mieux qu'il s'habitue tout de suite à une notoriété peut-être imprévue et traumatisante) :
[NDR : Et si je ne me trompe, ce qui suit tient du miracle. Une découverte sensationnelle !!!]
Si le marbre, au parfait de la pierre érudite,
M'explique sous la clef la courbe qu'il se doit
Du bras d'une main fine, à l'extrême d'un doigt
indolent dans l'effort que son don nécessite,
O gardienne du dôme où l'or frais facilite
D'ombres, dont le partage a jumelé l'émoi,
Si la tunique verse un peu de désarroi
Sur ton pied qu'à demi l'essor las sollicite,
Ces courbes, qu'a flattés le cueillir où tu tends,
S'écoulent dans la paume innombrable du temps
Et le plein onctueux pallia l'étroitesse.
Toi qu'un ciseau doubla du pur contour si près,
Va, pour ce voeu sans fin, fêtant ta morbidesse.
En 1867, Stéphane Mallarmé entretenait une correspondance très suivie avec un nommé... Henri Cazalis né à Cormeilles-en-Parisis dans le Val-d'Oise, le 9 mars 1840 et mort à Genève le 1er juillet 1909. Henri Cazalis [portrait en marge] : le H. C. de la malle de l'oncle de Monsieur Hiron !? Tout se tient : Cazalis était médecin mais aussi poète, auteur en cette année 1867 de poèmes qui figureront l'année suivante, sous le pseudonyme plus célèbre de Jean Lahor, dans Melancholia. Il s'agit donc d'un inédit, jugé trop indigne par l'auteur ou, à mon avis, d'un manuscrit de Mallarmé, ce qui rendrait encore plus inestimable la valeur de ces documents. On va probablement en entendre parler dès la semaine prochaine dans la presse spécialisée.
Vous rendez-vous compte du cadeau que je vous fais. En avant-première. Gardez tout ça bien précieusement. Parce que bientôt, gare aux droits de reproduction !! Mais pour vous comme pour over-blog et pour moi, il sera trop tard.
Bon dimanche.
Bernard Bonnejean
J'allais oublier. J'ai promis à M. Hiron de publier un de ses poèmes en manière de remerciement. "Bon sang ne saurait mentir", dit le proverbe et c'est avec un grand plaisir que je vous le fais partager. Bravo Jean-Luc :
Je prends ma moto.
Grisé par le vent,
J'avance en avant.
Je vois le oiseaux
S'envolés des roseaux.
Je vais près de l'étang
Profiter du beau temps,
Regarder les poissons
qui vibre à l'unisson
Entre les algues vertes,
où la pupille ouverte
Un gros crapaut s'enlise
Près d'une vieille valise.
Les gens sont pas trés propres
Si on veut mon avis,
Ils jettent des cochonneries
Sans ce soucier des autres.
Le bois est bien charmant
Sans un seul batiment :
Partout des oisillons
Qui siflent des chansons,
Et des fleurs agréables
ornées de papillons affables.
Je viens me ressourcer
dans ce bois enchanté
Et parmi les fougères
trés souvent à pieds j'erre
Ayant garé ma moto
Près d'un boulôt.
Parfois je m'étends dans le gazon
En rêvant de nouveaux horizons.
Le coeur un peu sérré
Je reprends ma moto
En pensant : que c'est beau !
JLH