Le voyage de Villemomble à Jérusalem (III)

Publié le par Bernard Bonnejean

 

 

ou le pèlerinage de Mauricette en Terre Sainte

 

Bethléem

 

Article dédié à Rachel Chaouat

 

 

Chers Frères et Sœurs,


« Pendant que Joseph et Marie étaient à Bethléem, arrivèrent les jours où Marie devait enfanter. Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l'emmaillota et le coucha dans une mangeoire » (cf. Lc 2, 6-7).


Au nom de l'Enfant de Bethléem, né dans une pauvre grotte, et au nom de ses semblables, les nombreux enfants nés sans abri et les enfants des camps des réfugiés, je vous souhaite la bienvenue avec les paroles des anges aux bergers : « Voici que je viens vous annoncer une bonne nouvelle, une grande joie pour tout le peuple : aujourd'hui vous est né un Sauveur, dans la ville de David. Il est le Messie, le Seigneur. Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire » (Lc 2, 10-12). Nous souhaitons que ce salut se réalise de nouveau dans l'aujourd'hui de Dieu, à partir de cette ville, de cette grotte et de cette mangeoire vers laquelle nous porterons dans un moment le divin enfant en procession !


« Aujourd'hui nous est né un Sauveur » (Lc 2, 11) ; « Venez, adorons-le » (Ps 95, 6). « Aujourd'hui nous est né un Sauveur »... Le mot aujourd'hui, que le ciel adressa à la terre il y a 2000 ans, est notre aujourd'hui et l'aujourd'hui de tous les hommes et de tous les temps, car « Jésus Christ, est le même hier et aujourd'hui, il l'est pour l'éternité » (He 13, 8). Le temps des hommes est un présent fugitif, tandis que le temps de Dieu est un continuel présent, car le Seigneur est l'Etre par excellence, il est « celui qui est » (cf. Ex 3, 14). Le Christ, parole de Dieu, est aussi « celui qui est, qui était et qui vient » (Ap 1, 8). Aujourd'hui, notre Seigneur et Sauveur naît de nouveau parmi nous. […]


Au nom de tous les fidèles des paroisses de Jordanie, de Palestine, d'Israël et de Chypre, et au nom des fidèles de Bethléem, concitoyens de Jésus, je m'adresse à tous les croyants du monde entier et je les exhorte à prier pour cette Terre Sainte. C'est une terre qui souffre et qui espère. Ses habitants vivent en frères ennemis. Quand comprendrons-nous qu'une terre ne mérite le qualificatif de « sainte » qu'à partir du moment où l'homme qui y vit devient saint ? Cette terre ne méritera vraiment d'être appelée « sainte » que lorsque l'on pourra y respirer la liberté, la justice, l'amour, la réconciliation, la paix et la sécurité.


 

Par ailleurs, comment pouvons-nous goûter la joie de Noël tandis que nous voyons se répéter le drame qui a accompagné la naissance du Christ dans l'histoire ? Le Christ n'avait pas de maison à Bethléem, et beaucoup de nos concitoyens sont sans logis du fait de l'injustice des hommes ; à cause des difficultés et de l'insécurité, des centaines de milliers de personnes ont déjà émigré pour chercher ailleurs une meilleure qualité de vie ; d'autres cherchent à quitter le pays de leurs ancêtres, le pays sanctifié par le mystère de l'Incarnation de Dieu. […]


Ô Enfant de Bethléem, nous sommes fatigués de notre situation, nous sommes fatigués d'attendre et las des discours et des promesses, fatigués des conférences, des délais et des négociations !


Ô Enfant de Bethléem, donne-nous ta patience, ton amour et ta douceur ! Nous t'en prions, que pendant cette nouvelle année les mains se serrent, les intentions se purifient, les cœurs s'entr'aiment, les divisions disparaissent, les murs tombent, et qu'à leur place soient construits les ponts de la compréhension et de la réconciliation !


Puissions-nous voir dans chaque homme, chaque femme et chaque enfant, le visage de Jésus, le fils de ce pays, notre concitoyen, qui a dit : « Heureux les doux, ils obtiendront la terre promise. Heureux les miséricordieux, ils obtiendront miséricorde. Heureux les artisans de paix, ils seront appelés fils de Dieu ! » (Mt 5, 1-12)


Extraits de l’Homélie prononcée lors de la messe de minuit à Bethléem par le patriarche latin de Jérusalem, Sa Béatitude Fouad Twal, 24 décembre 2009.


Mais commençons par les commencements. Bethléem est d’abord un lieu saint de la religion judaïque. C’est à بيت  لحم   « maison de la viande » ou « maison de l'âme », à בית לחם « maison du pain », en Cisjordanie, une région de Palestine, à une dizaine de kilomètres de Jérusalem, que serait né et aurait été couronné le roi David et que Rachel serait ensevelie.

 

 


David, דוד le « bien-aimé », est le petit berger, gardien de mouton , le dernier des huit fils de Jessé. Il devint roi contre toute attente selon la volonté de Dieu. Il passe pour avoir vaincu le philistin Goliath avec sa fronde, devient chef militaire puis gendre de Saül qui devient jaloux de ses succès au point de vouloir le tuer. David, aidé par son épouse, prend la fuite, devient chef de bande, roi des Judéens à la mort de Saül, puis roi d’Israël après la victoire de Gabaon sur ses rivaux israélites. Il commettra l’irréparable, mais donnera Salomon à Israël. À sa mort, David est à la tête d'un vaste royaume. Mais l’histoire a aussi retenu que ce roi guerrier, rusé et parfois retors, fut aussi musicien et poète. La Tradition lui attribue de nombreux psaumes et on le représente symboliquement avec une harpe.

 

 

 

Rachel, fille de Laban du village de Harran conduit le troupeau. Lorsque Jacob la voit, il reconnaît en elle la nièce de Rebecca sa mère. Il s'approche d’elle et abreuve le troupeau de Laban. Rachel apprend alors de Jacob en larmes qu’elle est de sa famille. Elle court l’annoncer à son père qui accueille Jacob en sa maison. Au bout de sept ans, Jacob épouse Rachel. Stérile, elle se sacrifie en lui faisant épouser sa servante Bilha. Mais elle lui donnera deux fils : Joseph et Benjamin. Elle décède à l’entrée de Bethléem. Les juifs vénèrent le tombeau de Rachel, symbole de la route de l’exil de Babylone.

 


 

C’est à Bethléem que naquit Jésus, fils de David, c’est-à-dire descendant de la maison d’Israël, conformément aux écritures : « Et toi, Bethléem, Éphrata, bien que tu sois petite entre les milliers de Juda, de toi sortira pour moi celui qui doit dominer en Israël, et duquel les origines ont été d'ancienneté, dès les jours d'éternité » (Mi 5. 1). Le groupe de Villemomble n’a pas pu assister à la messe de minuit dans la merveilleuse basilique de la Nativité, faute de place. Jacques, notre précieux photographe nous a tout de même envoyé cette illustration de notre foi commune, l’étoile à quatorze branches, lieu précis où serait né l’Enfant-Jésus.

 

Etoile-Bethleem.jpg

Sous la basilique, l’étoile en argent incrustée dans le marbre et entourée de lampes d’argent consacre l'endroit exact où Marie aurait mis l’Enfant-Dieu au monde. En principe, nul n’est réellement « propriétaire » de l’autel, mais il appartient à l'Église apostolique arménienne d’en assurer l’entretien. Un autre autel marque traditionnellement le lieu où Marie a installé le nouveau-né dans la mangeoire.


Lustre-Basilique-de-la-Nativite.jpg

La basilique de la Nativité, haut-lieu de la chrétienté, est malheureusement dans un piteux état. Un rapport de 2008 ne laisse aucun doute sur la nécessité de travaux urgents :


« L'état actuel de l'église est préoccupant. Les poutres de la charpente sont pourries et n'ont pas été remplacées depuis le 19e siècle. L'eau de pluie qui s'infiltre dans le bâtiment, non seulement accélère la pourriture du bois et porte atteinte à l'intégrité structurelle du bâtiment, mais endommage également les peintures et mosaïques murales du 12ème siècle. La présence d'eau augmente significativement les risques de court-circuit et d'incendie d'origine électrique. Si un autre tremblement de terre, de l'ampleur de celui de 1834, venait à se produire, le résultat serait très probablement catastrophique. …Il est à espérer que son inscription sur cette liste encouragera à sa préservation, notamment en incitant ses trois gardiens - l'Église orthodoxe grecque, l'Église orthodoxe arménienne et l'ordre franciscain - à travailler ensemble, ce qui ne s'est pas produit depuis des centaines d'années. Le gouvernement israélien et l'Autorité palestinienne devraient également travailler ensemble pour la protéger.  »


Mais Bethléem est aussi une ville vivante de près de 30 000 habitants placés sous autorité palestinienne. Heureux Villemomblois qui avez pu rencontrer la célèbre Sœur Sophie, la bien nommée, directrice de l’orphelinat de Bethléem.


 

Orphelinat-Bethleem.jpg

Avant eux, un journaliste incroyant, Jean-François Fournel, avait pu témoigner, dans La Croix d’août 2008, de son émotion lorsque la religieuse, tenant un bébé de deux mois, une petite fille qu’elle avait trouvée le matin même dans un carton, lui avait dit :


« Tu ne crois peut-être pas en lui, mais Jésus existe, je le tiens dans mes bras. »

 

Petite-fille-Bethleem.jpg

Puissions-nous ne jamais oublier que Jésus naquit pauvre parmi les pauvres et que les pèlerins marchant sur ses traces peuvent le rencontrer dans le regard du pauvre d’aujourd’hui.

 

Pelerins-Bethleem.jpg

A bientôt, les amis,


Bernard

 

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M
<br /> <br /> M.A<br /> <br /> <br /> <br />
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B
<br /> <br /> Merci, Marco.<br /> <br /> <br /> <br />