Si on schtroumpfe, vous schtroumpferez bien avec nous ?

Publié le par Bernard Bonnejean


De la volatilité du langage et de la communication

Pauvre Docteur Lacan, si vous saviez ! Ils n’ont jamais autant parlé de « communication » que depuis qu’ils ne se parlent plus. De pseudo-scientifiques, plus ou moins ignares, ont trouvé de quoi se faire mousser par l’invention baroque d’une multitude de communications : non verbale, institutionnelle, commerciale, non violente, visuelle, externe, tube, interpersonnelle…


Prenons un exemple : la communication interne. Qu’y apprend-on ? Au menu n° 1 : la communication interne et la stratégie d'entreprise, le management, la culture d'entreprise et les limites de ce type de communication. Au menu n° 2 : Analyse de Karim HAMADACHE (Consultant en management) s'articulant ainsi : introduction ; relation entre leadership, gestion du changement, et communication ; qu'est-ce que la communication ; les messages importants concernant le changement ; communication et changement : Qui, Quoi, Quand et Comment... Ensuite, si vous avez bien appris vos leçons, vous pourrez atteindre le niveau suivant : La formation comme véritable outil de communication interne ; de la communication interne au service de la formation... Enfin, si vous êtes perdu, on vous proposera quelques points de repère pour la communication interne, afin d’acquérir une stratégie proche de celle vue pour la communication externe, avec définition des finalités, des objectifs, budgets...



On en a même fait des diplômes : le BTS en communication ; le BTS en communication visuelle ; le BTS en communication visuelle option multimédia ; le BTS en communication des entreprises ; le BTS en communication graphique ; et, pour couronner le tout, le BTS en communication en alternance (un coup je cause ; un coup je cause pas ?). Je n’ai pas trop de temps à perdre, aussi vous laisserai-je le soin de découvrir jusqu’à quel niveau d’études on a poussé la plaisanterie : sans doute jusqu’à l’ingénierie.



 


Le problème, donc, est que cette communication-là, ne peut en aucun cas servir à communiquer, en tout cas moins bien que le langage des signes.

 

Soyons honnête : l’ancienne « communication » non plus. Lorsque Peyo lança ses petits hommes bleus en 1958, il ne savait pas qu’Umberto Eco consacrerait plusieurs pages à la sémiologie du langage schtroumf, non pas en tant que système de signes incompréhensible mais langage de substitution à interpréter par l’esprit humain. Ce que démontrait Peyo, c'est que tout langage est interprétable.

La communication n’a rien à voir avec la communion. La « liberté du travail », expression de Jaurès, peut recouvrir une multitude de significations différentes, voire opposées, selon l’émetteur et les auditeurs.

 

Toute littérature est artificielle. Toute langue institutionnalisée par une société donnée est une littérature. Parler, s’exprimer, c’est jouer. Quand Louis-Ferdinand Céline écrit :

 

Le cavalier n’avait plus sa tête, rien qu’une ouverture au-dessus du cou, avec du sang dedans qui mijotait en glouglous comme de la confiture dans la marmite

 

il joue, comme il l'a souvent dit, mais est-il plus ou moins compréhensible, plus ou moins « vulgaire » et « déplacé » que le soldat  Henri Nicolle décrivant la même guerre :

 

C'est la course à la mort. Le sol est un chaos de pierres où gisent grenades, munitions, armes, capotes, corps inanimés, corps pantelants.

 

Dire, ne pas dire, la façon de le dire, l’art et la manière de le dire. « Il ne faut pas dire ça » ; « il ne faut pas dire ça comme ça », « il y a des choses qu’on ne dit pas », etc. Et si ce qui était inconvenant, déplacé, n’était pas justement la réalité, indicible celle-là !!??

 

Les artistes, qui ont plus d’un tour dans leur sac, ont inventé des stratagèmes pour contourner les obstacles. Pierre Dac fut sans doute un des maîtres de la non-communication. Du moins le pensait-il. Parce que vous proposez ce sketch à un étranger qui n’a aucune notion de français ni de technique, il écoutera religieusement cette « communication » scientifique, ne serait-ce que par politesse.

 

 

Des poètes aussi ont donné à la littérature des messages à code. Ne dites pas que ça ne veut rien dire, là où ça veut tout dire, tout ce que vous voulez que ça dise, tout ce que ça vous dit aujourd’hui, qui vous « parlera » différemment demain. Un de mes poèmes préférés pour commencer. Comme on dit dans le peuple : « Y’a pas d’mal à s’faire du bien ! ». De Robert Desnos. Tenez, je vous le confie dans sa version audio-graphique :

 

 

 
les 4 sans cou
par zimzomb


Voici un de ces poèmes oulipiens dont je ne connais pas l’auteur et que vous trouverez sur le site de l’Université de Montréal-Québec :

 

 

 

Le  vainqueur d’opus

 

Ce fut un grandiloquent vainqueur taché dans l’opus m’as-tuvu :

Ses masures tortillaient l’azoturie, sur des méplats inconsolés ;

Le Cyprès d’amorti, chevenne éperdu, chaînistes nucléaires,

S’établait à sa protubérance, au soldeur exclu.

 

Mais (il) vint une nuée framboiser le grandiloquent ectropion

Dans l’Occupant tropical où chancissait les Siphonophores,

Et le naturisme hospitalier incendia son carême

Aux profiteroles du Goudronneur, immunodépressif cerclage.

 

Ce fut un Vainqueur d’Opus, dont les flammèches diastasiques

(Se) Revanchaient des tréponèmes que les marieuses profitantes,

Dégoulinement, Haïk et Névropathe, entre elles ont dispensés.

 

Que ressurgit-il de lui dans le tempérament breveté?

Qu’est devenu mon coéquipier, navigateur désenvasé ?

Hélas ! Il a sollicité dans l’aberration de la Revascularisation!

 

Qu’en conclure ? Rien. Comme je disais à mes élèves, parce que je l’avais appris d’un professeur que j’aimais bien (un professeur est avant toute chose le gardien des traditions, le grand transmetteur de valeurs inamovibles, le pilier du contrat social) :


Thèse, antithèse, synthèse, foutaise !


A bientôt, les Amis d'ici and
friends from abroad


Suite aux protestations quasi unanimes de deux ou trois admiratrices, je suis obligé, putain de merde !, comme eût dit Zazie, de pondre une conclusion. Mais étant un brin flémard, je laisse le soin à un poète mal embouché et parfaitement convenable de sa personne de la faire à ma place.  


 




Bernard Bonnejean

Publié dans poésie

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D
Déception Catherine, je n'ai rien reçu du tout! C'est encore une blague! Je ne sais pas pourquoi je me sens envahie par une crise de parano!<br /> <br /> Pourtant, j'ai cru que la fameuse solidarité féminine allait montrer à Bernard, qu'il n'était pas seulement content mais ....! Bon, il ne me reste plus qu'à aller voir sur aufeminin. com! <br /> <br /> A la recherche du bonheur, je vous salue bien bas! ZUT, je fais encore le mec!
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D
Bernard, Doris avait donné son url de site dans un de ses commentaires sur MF Hirigoyen, elle vient de la redonner.<br /> http://www.perversnarcissique.fr<br /> <br /> Doris, avez-vous reçu mon email ?
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B
Ouh là là ! Vous en êtes déjà aux coups en douce !! Des pièges ? Est-ce que, par hasard, vous vous seriez mises d'accord ? Qui a dit la première que je vous vampirisais ?<br /> <br /> Et dire qu'après tant de temps, je n'ai jamais eu la possibilité de lire le site de Doris dont je ne connais pas l'adresse.<br /> <br /> Bon ! Je vous laisse entre filles puisqu'aussi bien...<br /> <br /> M'en fous ! J'irai causer foot avec les gars du bistrot du coin. J'vais m'emmerder, mais c'est ma place.
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D
Chat alors! Me piéger à ce point là, dame Catherine! Me manque la finesse de l'autre, l'iranienne! Faut dire que ce Bernard me fait tourner la tête! Il est partout tout le temps! Il doit avoir des nègres! Qu'adviendra-t-il le jour où ce superman sera retraité? Je ne donne pas chère pour ma peau! Je m'attends au pire! <br /> <br /> L'HUMOUR EST POUR LE PN CE QU'EST L'AIL POUR LE VAMPIRE!
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D
Voui, Compère Bernard, je ne doutais pas de votre hospitalité.<br /> <br /> Doris, je vous ai envoyé un email via votre site.
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B
Je dis rien, mais je suis content
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D
Encore une chose, si vous désirez d'en savoir un peu plus, allez sur google: FIONISME puis sur www.perversnarcissique.fr! <br /> <br /> L
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D
Chère Dame Catherine, en espérant que la lumière jaillisse ... en fait, avec ou sans discussion, il est préférable que vous restiez "têtue"! Pour comprendre ce phénomène dont parle si bien MFH, c'est mon avis, il faut l'avoir vécu et cela, je ne vous le souhaite pas. Et pourtant, quand on cherche désespérément de l'aide au moment de la mise à mort, si vous saviez le mal que l'on ressent d'être non seulement incompris, ni aidé mais rejetté de surcroît! Même les professionnels qui comprennent, les médecins, les psys se disent: 'ATTENTION DANGER, C'EST UN PERVERS'et "ON N'Y PEUT RIEN!" Les avocats et pour finir les juges finissent le travail du PN!<br /> <br /> En face d'une maladie mentale, chère Dame Catherine, vous serez seule au monde et je n'ai aucune raison de vous le souhaiter!
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D
Oups ! Chère Doris, je viens d'écrire une grosse bêtise !<br /> Par acquis de conscience, je suis retournée lire les commentaires sur l'article précité. Je viens de constater que je n'avais pas pris connaissance des 3/4 des commentaires. Je m'étais arrêtée aux environs du 5ème, en pensant bêtement (pourquoi ?) qu'il n'y en aurait pas d'autres.<br /> Je viens seulement de découvrir l'adresse de votre site que j'ai commencé à consulter. La suite quand j'en aurai fait à peu près le tour.<br /> A bientôt.
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D
Je viens de me relire et je me rends compte que j'ai été elliptique en parlant de rester sur mes positions. Je voulais parler de mon ancien commentaire suite à l'article sur Marie France Hirigoyen.
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